Journal évolutionnaire du 25/09/24 - Cosmoses d'automne

L'après-midi d'hier au jardin.

Un jardin comme un séismographe au cœur du monde. De loin en loin, des trains d'ondes rapportent les échos de la fureur humaine.

Depuis l'Iliade et le siège de Troie, depuis le champ de bataille de Kutrukshétra, depuis les navires vikings qui remontaient lentement le Guadalquivir en quête de butins, depuis tant de fronts de guerre dont nous respirons toujours les poussières, nous restons habités par les furies.

Ces fameuses trois Furies, les Erinyes grecques, Mégère (la Haine), Tisiphone (la Vengeance) et Alecto (l’Implacable) sont des soeurs. Elles sont les filles des deux divinités primordiales: Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre).

Elles symbolisent la puissance maléfique qui habite l'humanité. Les vieux chants des aèdes et les chroniques de tous les mondes nous rappellent que nous sommes, irréductiblement, une espèce belliqueuse. Notre aspiration à une évolution éthique et morale doit composer avec cette énergie ombrageuse et inflammable qui peut se transformer en cyclones d'une irrépressible violence.

Les bombardements contre le Hesbollah, l'exil des civils libanais, la campagne Trump/Harris, les combats des Ukrainiens, le bras de fer de l'occident avec Poutine, les camps de réfugiés au Burkina. Toutes ces bourrasques, parmi tant et tant d'autres, comment ne pas en être habité ? Comment ne pas être pris aux tripes par toute cette humanité nôtre, prise en otage dans le siphon des carnages, assommée de bombardements, de haines, de peurs et de désolation. Plusieurs de mes amis ne veulent plus prendre connaissance des actualités.

Je comprends que sans une vision évolutionnaire, il y a de quoi plonger dans la dépression.

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Tout annonce la transition vers l'automne, l'arrivée des citrouilles, les premières feuilles jaunes des tilleuls et les travaux de jardin qui doivent préparer l'hiver. Il y a une sagesse jardinière que l'on peut apprendre à éprouver et dont on peut extraire le miel à toutes les saisons. Tout se joue dans l'attention au présent autant que dans la réceptivité aux émergences, aux transitions, aux flux continus, à la vie fluide qui traverse le végétal. Elle nous appelle à des anticipations, des prévisions, à la capacité d'accompagner l'évolution des plantes et du jardin. Tandis que les fenouils entrent en grenaison et projettent leurs hampes au ciel, que les tournesols se dessèchent et régalent les oiseaux, que les plants de tomates agonisent, que les potimarons sont mûrs à cueillir, il faut préparer les nouvelles surfaces, semer, repiquer, visualiser les nouvelles étapes.

Ce faisant Je prépare déjà le plan d'aménagement du jardin pour le printemps prochain avec une extension de la surface, l'ouverture d'une allée centrale, de nouvelles grandes planches et une intensification de la production et de l'ornementation.

Pour cet automne/hiver, je sème de la mâche, des carottes, des navets, je plante des betteraves, des scaroles/chicorées, des batavias, des salades frisées, des choux. Dans quelques semaines arriveront, pour être plantés, les oignons blancs, les échalottes, l'ail, les fèves, les petits pois...

Comme beaucoup de jardiniers je me trouve confronté à quelques défis : la prolifération du rumex que j'élimine manuellement et la voracité extraordinaire des punaises jaunes du choux (Eurydema ornata).

Bonne nouvelle ce matin avec la condamnation définitive d'Alex Jones par la justice américaine. Pendant plusieurs décennies ce conspirationniste s'est fait remarqué avec sa chaîne youtube et son agence de communication infowars. Celle-ci était devenue au fil du temps une puissante agence conspirationniste internationale couplée à une affaire lucrative de compléments alimentaires qui ont fait de ce triste sire un multimillionnaire ami de Donald Trump. Il s'est fait tristement connaître comme lanceur de rumeurs, relayeurs de fake news, partenaire des campagnes électorales de Trump, fournisseurs de contenus complotistes et de délires paranoïaques. Son fil d'actualité était systématiquement relayé par les officines francophones. Il a fallu plus de 10 ans à la justice américaine pour condamner cet entrepreneur mégalomaniaque de l'escroquerie et de la diffamation. Il était temps.